A la mémoire de l’écrivain Cung Giu Nguyen[1]- une grande figure de la littérature francophone vietnamienne
« Et s’il faut connaître une nouvelle expérience, eh bien, tant pis, rien ne me surprend plus, même le mariage du ciel et de l’enfer, […], même la hantise du Boujoum, de ce qui se sent et ne s’explique pas, de cette obsession du sens tissé de non-sens »
(Le Boujoum, p. 653)
Dans le concert des littératures vietnamiennes, la littérature d’expression française semble se dérober à l’attention du lecteur. Les raisons peuvent être diverses : le désastre des guerres, la domination de plus en plus large du quốc ngữ (l’écriture vietnamienne) et le problème de l’utilisation actuelle du français au Vietnam, etc. Cependant, ce n’est pas parce que les productions de cette littérature ne sont pas abondantes que leur qualité de créativité est mal appréciée. L’objectif de cet article n’est pas de couvrir le champ entier de la littérature francophone vietnamienne, ni tous les messages transmis dans le contenu des œuvres, mais de concentrer les observations sur le système original du vocabulaire employé pour constituer la poétique du destin dans le roman Le Boujoum de Cung Giu Nguyên.
« Et s’il faut connaître une nouvelle expérience, eh bien, tant pis, rien ne me surprend plus, même le mariage du ciel et de l’enfer, […], même la hantise du Boujoum, de ce qui se sent et ne s’explique pas, de cette obsession du sens tissé de non-sens »
(Le Boujoum, p. 653)
Dans le concert des littératures vietnamiennes, la littérature d’expression française semble se dérober à l’attention du lecteur. Les raisons peuvent être diverses : le désastre des guerres, la domination de plus en plus large du quốc ngữ (l’écriture vietnamienne) et le problème de l’utilisation actuelle du français au Vietnam, etc. Cependant, ce n’est pas parce que les productions de cette littérature ne sont pas abondantes que leur qualité de créativité est mal appréciée. L’objectif de cet article n’est pas de couvrir le champ entier de la littérature francophone vietnamienne, ni tous les messages transmis dans le contenu des œuvres, mais de concentrer les observations sur le système original du vocabulaire employé pour constituer la poétique du destin dans le roman Le Boujoum de Cung Giu Nguyên.
1. Quelques réflexions sur le langage du Boujoum
La lecture du Boujoum est différente de celle du Domaine maudit, de Le Fils de la Baleine, ou d’autres romans de Cung Giu Nguyên, parce que le langage utilisé dans ce roman parait beaucoup plus compliqué, et apparemment, il s’avère un peu monotone. En effet, à la première lecture, on se sent fatigué par les phrases très longues et très sinueuses, qui entraînent parfois à un style rocailleux. Si un lecteur quelconque veut y chercher une simple distraction ou détente, Le Boujoum deviendra sans doute un roman ennuyeux et fastidieux. Pour ceux qui s’intéressent à ce roman comme objet de recherche qui a besoin d’une lecture professionnelle, il faudrait être prêt à la patience. Il est vrai que Le Boujoum conduit le lecteur à « un jeu de patience ou un jeu d’apprentissage de la lecture ». C’est un jeu mais non pas pour jouer ! Peut-être l’auteur prenait-il conscience de cette perspective quand il utilisait dans son œuvre une sorte de langage ainsi codé, pour que le lecteur puisse recourir à une clef quelconque qui pourrait permettre de le décoder ainsi que de dévoiler l’arrière-pensée. Ainsi, le romancier se heurte-t-il, par mégarde ou par volonté, à un échec dans la transmission de ses idées, alors que le langage est considéré comme une condition de transmettre et de réaliser les idées et les pensées (cf. Benveniste 1966 : 64). A ce propos, nous n’avons que le droit d’examiner ou d’observer et non pas le droit d’affirmer ou d’imposer un principe au langage littéraire, parce que, dans une certaine mesure, la littérature étant comme un message, est quelquefois un signe mystérieux ou ésotérique. Sans entrer dans le détail de ce problème, nous revenons au système du vocabulaire présenté par ce romancier. Il est en fait incontestable que, à côté de son langage difficile à interpréter, Le Boujoum est tissé par contre d’un ensemble très riche de types de tournures phrastiques, de vocabulaire très moderne mais aussi parfois très archaïque. Sont également parsemés dans le roman des termes philosophique, psychologiques, des jeux d’intertextualité et des figures de rhétorique. C’est grâce à cette diversité que nous pouvons constater que ce roman a l’ambition d’être à la fois « l’écriture d’une aventure et l’aventure d’un écriture » (Argod-Dutard 1998 : 31).
2. La poétique du destin
2.1. Le gouffre et son environnement
Dans Le Boujoum, nous pouvons remarquer que Cung Giu Nguyen développe différents thèmes tels que l’humanité, la fraternité, le « je » de l’écrivain, etc. Mais, au-dessus de toute chose, l’auteur médite sur l’existence et sur le destin manqué de l’homme comme passant sur la terre. L’amalgame de ces deux thèmes est impliqué très nettement par l’incipit qui est aussi la dernière phrase du roman :
[l’homme comme un] objet retenu au-dessus d’un gouffre par les fils abstraits de l’espérance.
Dans cette phrase, l’auteur insère le mot gouffre en lui conférant son juste poids de désespoir. La perspective exacte de ce mot éclaire plus ou moins l’œuvre. Son usage montre l’expérience poétique que Cung Giu Nguyen veut mettre à jour dans son œuvre, et c’est un des traits singuliers qui s’étendent sur la totalité du champ de valeurs qu’endosse ce mot. L’ensemble de ces valeurs qu’il attribue à toute l’œuvre s’exprime, soit dans les limites de d’une signification immédiate, soit dans sa corrélation étroite avec d’autres champs de mots qui sont susceptibles d’exprimer tout un destin ou toute une existence. Voici un extrait où nous pouvons trouver les champs de mots liés au thème de destin :
« … objet retenu au-dessus d’un gouffre par les fils abstraits de l’espérance. Espérance en qui, en quoi et pour quelles raisons, à la faveur de quel exception, cette sustentation pour une durée dont les termes sont certains et qu’on voudrait inexistants, ou tout au moins lointains, car la persuasion de l’imminence est flagrante, un bout attend toujours son répondant logique de l’autre extrémité, encore que l’oubli des lois réelles est compagnon des chimères. En bas, un gouffre noir tournoyant, et tout autour du maëlstrom, un plus vaste tourbillon qui procède, on se l’imagine, du mouvement curieux et arbitraire de l’expansion de l’univers. Apesanteur, banalité dans un monde où les trouvailles newtoniennes deviennent absurdes et ridicules. Mais chez cet illuminé qui ouvrit une ère d’éclairs de génie la pomme échappée de la branche se refuser à choir. Pomme d’Adam qui ne chute que pour être jetée dans une autre sphère où tous les corps doivent nécessairement tomber. Quelqu’un ne remonte-t-il pas la pendule pour que le temps ensorcelé ne se dévide plus ?
La terre et le ciel ne se distinguent pas. Impossible de situer en pensée la crête des collines familières, maintenant défuntes. D’épais nuages dansent sur un sol mal défini, tiraillent de la voûte basse la crêpe de suie à étaler partout la couleur de grand deuil. La nuit n’est pas différente du jour. Une démarcation semble vaine. Une trouée de durée éphémère du côté de ce qui est supposé être l’Ouest donne l’illusion d’un réveil lunaire. L’heure ? N’en parlons pas. Un Big Ben qui sonnerait en ce lieu ne signifierait plus rien. Ainsi le temps s’en est allé ailleurs pour que les gens qui auraient soif de plus d’être à chaque perte de souffle le réaniment. Ici, il n’y a plus d’hommes. La matière élémentale a pris leur place et les silhouettes un peu différentes de celles des bêtes ne subsistent que par accident. La terre bien travaillée ou retournée des entrailles devient traîtresse ; on s’imaginait heurter des blocs durs, piétiner des institutions, des civilisations, on découvre de moins en moins une assise stable où poser tranquillement un dernier humain. La déception est rapide, mais pas autant que l’effondrement. L’enlisement semble m’épargner […]. Vomi par la terre, sans raison, refusé, proclamé inapte au service de la légion infernale, classé ordure ou rebut, le corps cherche un axe » (les gras sont de nous). (pp. 11-12).
Sans doute beaucoup d’écrivains développent-ils le thème de destin. Baudelaire, par exemple, l’a largement exploité dans ses Fleurs du Mal (1857) et l’a mis dans un poème entier intitulé Le Gouffre pour symboliser la tragédie d’un exil où l’amour doit céder sa place au pathétique. Chez Cung Giu Nguyen, cette image se trouve encore plus dramatique quand l’auteur exprime le thème de destin.
Avant d’entrer dans l’examen de ce thème, il faut signaler tout de suite que, si l’explication de la poétique selon le mode de lecture linéaire qui consiste à examiner chaque mot dans ses actualisations isolées, le thème ou les valeurs dégagées du mot sont très difficilement impliqués. Il faut donc mettre en œuvre le mode de lecture verticale. Cette dernière permet de rétablir le champ du mot, comme le gouffre en se basant sur l’ensemble de ses apparitions ainsi que sur les contextes où il se trouve.
Selon ces principes, nous reconnaissons que le gouffre de Cung Giu Nguyen est pris dans son sens très abstrait lors de sa première apparition. Il semble qu’il fait ressortir une certaine valeur métaphorique, et son champ stylistique très fort repose sur le fait qu’il se réfère à un monde d’horreur et de peur. Mais il est en bas, tout proche de l’homme et provoque un univers noir comme la nuit qui s’oppose au jour, comme la terre qui s’oppose au ciel. Dans cette perspective, le gouffre laisse penser à un autre sens dérivé, celui de l’imagination qui procède d’une âme solitaire et fragile au seuil du mal, au seuil de l’abîme. Ce sont donc les caractères du gouffre qui rendent plus originale l’image du destin. Ainsi le gouffre ou l’abîme, en ce sens, symbolise l’âme qui est tombée dans un profond silence.
Avec le gouffre et l’abîme, nous voyons apparaître dans le texte d’autres signes qui participent à la construction du thème du destin, tels que terre, ciel, légion infernale. Ces derniers deviennent un ensemble très structuré et constituent des degrés de valeurs non seulement au niveau esthétique du roman, mais aussi au niveau d’une valeur morale. Ils esquissent devant nous l’image d’un cercle dont le centre ou l’axe est la présence du destin de l’homme, qui se tient « au summum de son désespoir et à la cime de sa peur de mourir », et qui, encerclé d’un monde mystérieux, est en train de lancer ses appels au secours : « Sauvez mon âme ! » Mais le ciel est très loin, la terre est déserte et il n’y a plus d’hommes, il n’existe qu’un profond silence, et enfin, la légion infernale (symbole de l’enfer) n’accepte pas une âme inapte au service. Les réponses se font donc toujours attendre. L’homme ne trouve finalement aucun abri, aucune assise stable, le destin continue alors à rouler.
2.2. La roulette du destin sur toutes les routes de vie
Les procédés poétiques et stylistiques continuent à s’appliquer pour s’interroger sur le thème du destin. Cung Giu Nguyen amène encore le lecteur, grâce à la force suggestive du vocabulaire, à partager le destin qui étreint toujours l’homme. En effet, le destin flâne tout au long du roman, dans chaque type de textes. L’auteur a emprunté, par exemple, le chant du personnage Pergorain pour exprimer ce thème au milieu de son œuvre. Persistant dans les figures de rhétorique très impressionnantes, Cung Giu Nguyen a repris quelques signes déjà employés dans les premières pages, tels que ciel, abîme dans :
Le ciel avec ses nuages sombres se nie
Et dans :
L’arsenic du pouvoir donne une force provisoire
Qui permet de sauter, les yeux ouverts, dans l’abîme.
Mais, il est encore plus impressionnant de voir apparaître largement d’autres mots, qui créent une atmosphère lourde et angoissante, présageant le destin manqué. Voici une métaphore qui exprime un contraste entre deux notions coexistantes :
Mille routes du monde ne furent pour moi que routes de haine
Plus l’apparition des mots est dense, plus on voit approcher l’image de destin. La résonance des mots est donc un prélude aux signes tragiques qui vont survenir. Écoutons maintenant la lamentation de Pergorain acceptant les choses comme déjà réglées :
Malheur à l’homme seul, dit-on ; à l’homme seul, déshonneur,
Mais à moi seul aussi mission sur terre est donnée,
Avec peu de joies et beaucoup de pleurs. (p.527).
Ce leitmotiv est encore repris en écho tragique dans un autre lieu du roman, comme un discours librement improvisé, qui traduit une nuance solitaire, souffrante, douloureuse :
A l’homme seul, malheur, malheur, au mort seul.
Dans la marche funèbre solitaire, j’accompagne aux sons de ma flûte
Ma victime, mon ami, mon délivré,
Dans notre plongée commune dans le néant où nos solitudes s’éternisent,
Dans cet enfer ou ces cieux aux étages divers
[…]
Que jamais ne rejoindront les litanies des vivants. (p. 530).
L’idée de destin est sans doute un thème fondamental dans Le Boujoum. La description linguistique du champ de vocabulaire du destin se révèle variée. L’expérience de l’écrivain sur cette notion l’aide à introduire de manière spécifique dans son écriture un ensemble de mots, qui sont relativement nombreux et permettent de créer un « champ conceptuel » et donc un champ du vocabulaire du thème de destin. Écoutons de nouveau les expressions chagrines de Cung Giu Nguyen sur ses expériences vécues, à travers les paroles d’Amdo, le personnage principal :
J’appris cependant comment peut être profonde la solitude qui sépare les hommes que ne lie plus ni l’affection ni la rancune. (p. 527).
Ou bien une autre vérité de la contagion du destin est dévoilée très poétiquement dans le chant de Pergorain :
Que pouvaient faire éclore nos derniers souffles,
Le baiser de ma flûte annonçant une chute du point d’orgue.
Destin de soi en contrepoint au destin d’autrui ! (p. 528).
Dans tous les cas, nous pouvons insister sur la signification du gouffre, de la terre, du ciel ou de l’enfer, etc. que l’auteur explicite dans le roman. A travers ce système du vocabulaire, Cung Giu Nguyen a élaboré une philosophie de l'existence, une philosophie où la littérature est la méthode, parce que l’auteur croit toujours qu’il en est de la littérature, comme du reste et, que, lors qu’elle s’affiche, elle « se veut communicative ». En effet, quoique le gouffre vécu soit noir et que l’homme cherche en vain à l’évacuer, car le destin est en marche et il existe dans toutes les routes de vie, l’homme est toujours retenu par les fils abstraits de l’espérance. Ainsi, la littérature est-elle la seule espérance grâce à laquelle l’auteur peut épancher ses pensées et témoigne de sa volonté d’existence? En effet, avec le langage littéraire, Cung Giu Nguyên a commencé à construire une nouvelle vision du monde, une vision qui devrait rendre possible l'évasion d’un silence terrible, de l’ « ici » ou de « ce lieu ». C'est pour cela qu'il a essayé de conceptualiser la notion de gouffre sous une autre formule : le gouffre, c’est un reflet des changements successifs des états psychologiques de l’homme : depuis la subconscience, la préconscience, l’inconscience individuelle, familiale et collective, jusqu’à la conscience.
3. Conclusion
La littérature est donc au centre de communication, mais une communication très particulière, parce que son langage s’établit sur le principe esthétique. Le système du vocabulaire fait intervenir un grand nombre de composantes qui peuvent s’interpréter selon différents contextes et différentes approches. Les quelques lignes ci-dessus, qui reposent sur le champ stylistique ou sur la poétique du Boujoum, ne sauraient présenter exhaustivement tous les procédés littéraires ou tous les modes de compositions utilisés par Cung Giu Nguyen dans cette œuvre ou dans toutes ses productions littéraires. Ce que nous venons de présenter n’est que quelques traits expressifs qui nous ont le plus impressionné. En déployant le cadre de la poétique du roman, nous constatons qu’il est très intéressant et aussi nécessaire de découvrir, de plus, les œuvres de Cung Giu Nguyen ainsi que ceux des autres auteurs d’expression française ; il faudrait également redonner en même temps à cette littérature sa place, car elle représente une créativité originale non seulement sur le plan des idées, mais encore sur le plan du langage.
Références bibliographiques
ARGOD-DUTATD. F. (1998) : La linguistique littéraire, Armand Colin, Paris.
BENVENISTE. É. (1966) : Problème de linguistique générale 1, Gallimard, Paris.
Carnets du Viet Nam (2003), La littérature au XXe siècle, 1, Printemps.
FIPF (Fédération internationale des Professeurs de français), (1976) : Littératures de langue française hors de France. Anthologie didactique, Duffiseur Editions J. Duculot.
JOUVE. V. (1999) : La poétique du roman, SEDES.
Bien Hoa, le 08 novembre 2008
PHAM Văn Quang§
[1] Né en 1909 à Huê, d’un père d’origine chinoise, mandarin de l’enseignement, Cung Giu Nguyên est connu comme l’une des plus grandes figures de la littérature vietnamienne d’expression française. Très tôt, Cung Giu Nguyên s’est consacré à écrire et, à partir de 1933, lorsque le français a occupé une place de choix, Cung Giu Nguyên, à côté du développement de sa littérature en vietnamien, adopte le français comme mode d’expression pour pratiquer tous les genres : articles de presse, essais, récits, romans, nouvelles, poèmes.
Ses œuvres principaux en français :
Le Mot, Saigon, France-Asie, 1948.
Volontés d’existence, Saigon, France-Asie, 1954.
Le Fils de la Baleine, Paris, Arthème Fayard, 1956 ; Editions Naaman, 1978. (Ce roman est traduit en vietnamien sous le titre : Kẻ thừa tự Ông Nam Hải, Nxb Văn học Hà nội).
Le Domaine maudit, Paris, Arthème Fayard, 1961.
Le Boujoum, (édition en France, 1980 ?), Texas, Cunggiunguyen Center Publications, 2002.
[2] Pour le titre Le Boujoum, le mot n’existe pas dans le dictionnaire français, Cung Giu Nguyên emprunte ce mot au poème humoristique La Chasse au Snark de l’écrivain anglais Lewis Carroll quand celui-ci écrit : « Car le Snark bel et bien était un Boujoum, figurez-vous. Je ne sus pas ce qu’il signifiait, alors : je ne sais pas ce qu’il signifie ». « Snark » est un mot-valise issu de deux mots anglais Snake (serpent) et shark (requin). Nous sommes convaincus que ce n’est pas par hasard que l’auteur a choisi ce mot pour le titre de son roman. Les raisons restent à discuter pour ceux qui veulent chercher à lire cette grande œuvre de 654 pages.
§ Docteur ès Lettres modernes– Université des Sciences Sociales et Humaines de Ho Chi Minh Ville. Membre associé de l’Équipe de Recherche LLA (Lettres, Langages et Arts)-Université Toulouse 2-Le Mirail.